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Généalogie américaine du pédagogisme

Publié le 31/01/2008 à 12:00 par pedagogisme

Généalogie américaine du pédagogisme

Extrait du blog de Brighelli.



"Il est absolument impossible d'espérer guérir le mal scolaire en se trompant de diagnostic.
Il me semble avoir déjà il y a quelques mois cité un des tout premiers critiques du pédagogisme, William Bagley, qui dénonçait ces théories qu'il savait fumeuses notamment parce qu'elles avaient déjà subi des échecs retentissants (comme celui de l'école que Dewey avait crée). Elles avaient commencé à inonder le milieu éducatif américain juste avant la 1ere guerre mondiale. Pour souligner leur prétendu caractère scientifique, il n' y alla pas de main morte: Cette nouvelle mode (fad) ' is a sin against the children of the land, and it is a crime against posterity' car elle nie une évidence sur laquelle son pays avait construit sa force, à savoir que 'talent is distributed evenly among the masses and that it is the prerogative of no special class or group' . Il s' indignait de la fielleuse bonne conscience des disciples de Dewey et dénonçait leur feinte empathie pour les enfants des classes populaires. Il devint un renégat écrit Diane Ravitch, (Left Back, 121) car il avait commis le crime de lèse-majesté celui de critiquer ' the untested fads and reforms that were constantly raining down on the schools'. Ce crime impardonnable fut d'avoir essayé d'alerter ses pairs contre un socialisme mal digéré qui allait faire régresser les plus démunis dans l' ignorance et creuserait les inégalités dans une mesure que ce pays égalitaire n'avait jamais connue. Il ne s'est pas trompé.
Ces bons apôtres du socialisme à l'américaine exprimèrent leur amour pour les masses populaires en allégeant les programmes à tour de bras, car chacun sait qu'un enfant de pauvre est moins intelligent qu'un gosse de riche et ne peut apprendre à lire, écrire et compter aussi facilement que lui. Il lui faut donc une méthode qui lui est mieux adapté que celle qui fonctionne pour les 'nantis' .
Il y avait aussi, pour emballer le paquet d'une jolie faveur rose, la séduction indéniable du romantisme rousseauiste et surtout pestalozziste et l'utopie de l'apprentissage bucolico-ludique

Signalons au passage que les Diafoirus du Teacher's College de Columbia et leurs émules rejoignirent comme un seul homme les divers cercles pacifistes ( socialistes) qui pullullèrent dans l'entre-deux guerres. Dewey lui-même fut, brièvement, un admirateur de la révolution bolchevique, laquelle s'est d'ailleurs très vite éloignée de ces élucubrations d'intellos occidentaux, mais ceci est une autre histoire.
Nos apprentis sorciers américains ont ressorti une vielle méthode pour sourds-muets qui croupissait depuis deux siècles, affirmant qu'elle allait faire des miracles avec les enfants de pauvres. Ces belles âmes généreuses, si altruistes, décrétèrent aussi que la culture des riches les humiliait car ils n'y trouvaient pas de repères et qu'elle était simplement destinée à les écraser de sa superbe, à les opprimer et à exacerber chez eux la conscience de leur condition inférieure. Outre la méthode globale pour la lecture, on fit des programmes de maths pour quatre niveaux, pour les plus pauvres, ceux qui resteraient manuels pour le bien de tous, puis pour ceux qui étaient destinés à des tâches plus sophistiquées et ainsi de suite. Bref, l'ingénierie sociale commune aux totalitarismes de tout poil. C'est aussi ainsi que l'Histoire se vida de son contenu pour devenir 'social studies' et que le niveau des élèves américains amorça dès le lendemain de la deuxième guerre mondiale une chute libre d'un demi-siècle.

Les education scientists et autres tenants de la 'progressive education' se gargarisaient d'une nouvelle idéologie dont ils définissaient les dogmes: la « social efficiency ». Il faut remarquer l'ubiquité de l'adjectif « social » car c'est en son nom, et bien sûr aussi au nom de la modernité et de l'intérêt des masses, que fut éliminée l'étude des grands textes et des civilisations anciennes au profit des 'current events' et de l'étude des catalogues de Sears. Le terrain était donc prêt pour accueillir avec les honneurs qu'elle reçut la seconde vague de 'fads', celle de la French Theory ( Foucault, Derrida, etc...) quand elle envahit les campus. Les étudiants post soixante-huitards, groomés par la progressive ed étaient du papier buvard pour les fossoyeurs des 'dead white men'.

Voici un exemple de cette grandiose rhétorique qui a condamné à mort l'étude de l'histoire évènementielle, en 1913.

''The old chronicler who recorded the deeds of kings and warriors and neglected the labors of the common man is dead. The great palaces and cathedrals and pyramids are often but the empty shells of a parasitic growth on the working group. The elaborate descriptions of these old tombs are but sounding brass and tinkling cymbals, compared to the record of the joy and sorrows, the hopes and disappointments of the masses, who are infinitely more important than any arrangement of wood and stone and iron.'

Je ne puis donc pas partager l'analyse de notre camarade Grégoire quand il affirme que la source du mal scolaire se trouve dans une doctrine qu'il situe à droite de l'échiquier, sous prétexte que certains gaullistes sont tombées dans le panneau. Ils ont fait la même chose que leurs homologues américains qui ont suivi sans broncher les diktats de ces bon apôtres de la Progressive Ed. Le nom choisi n'était pas innocent, le progrès social, pour un intello de gauche, comme il l'est chez les anti-libéraux français, est le monopole de la pensée de gauche. Cette dimension proprement politique s'exprimait en termes clairs par le désir de 'démocratiser' la société, une finalité qui autorisait de fermer les yeux sur les aspects pour le moins totalitaires des mesures inspirées par elle.

S'il faut choisir un camp cependant, c'est celui qui va décrasser l'EN au Kärcher car le pédagogisme s'y est incrusté si profondément ( l'article de Libé en fait foi) qu'il ne partira pas avec un simple nettoyage de surface.

Et ce n'est pas en considérant les équipes de nettoyage comme des ennemis sous prétexte qu'ils ne sont pas de 'gauche' qu'on va faire avancer les choses. Une situation d'urgence éducative exige non seulement des moyens radicaux, mais surtout la coopération de toutes les bonnes volontés sans état d'âme partisan. Est-ce possible?
Je le souhaite, mais à voir la mauvaise foi et la hargne primaire s'exprimer depuis dimanche, j'en doute.

Le 'mal français' a tricoté un mal scolaire jusqu'ici inguérissable et on ne pourra pas soigner le second sans diagnostiquer et éradiquer les sources du premier.