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Date de création : 29.09.2007
Dernière mise à jour :
10.04.2022
74 articles
La réforme du collège, défendue par Najat Valaud-Belkacem et censée entrer en vigueur à la rentrée 2016, peine toujours à faire l'unanimité du côté des professeurs. Enseignant de lettres classiques dans l'académie de Strasbourg, Didier Jodin dénonce la fascination de la ministre et de ses conseillers pour les dogmes de ce qu'il est convenu d'appeler le "pédagogisme".
Édité par Sébastien Billard
Najat Vallaud-Belkacem en visite dans un collège de Beuvrages, le 18 janvier 2016 (F. PRESTI/AFP).
La réforme du collège provoque une vaste indignation chez les professeurs. Oscillant entre mensonges condescendants et silence méprisant, Najat Vallaud-Belkacem ajoute à cette exaspération sans précédent. Une ministre qui donne des leçons de pédagogie, et de manière si dogmatique, est comparable à un notaire qui prétendrait entraîner une équipe de curling.
Les éléments idéologiques destinés à justifier la réforme, à défendre contre tout bon sens ses absurdités et ses incohérences, lui ont été donnés par ses conseillers. Ils n'approchent jamais, ni de près ni de loin, ce qui pourrait ressembler, de près ou de loin, à un élève. Mais ils ont su collecter les dogmes de ce qu'il est convenu d'appeler le "pédagogisme".
En suivant le hashtag #College2016 sur Twitter, on voit le terme apparaître souvent. La colère des professeurs y est vive, depuis bientôt un an, et ils utilisent ce néologisme pour synthétiser l'égarement intellectuel qui a guidé cette réforme. Très minoritaires, les pédagogistes utilisent parfois la même balise pour dire leurs louanges au sort jeté sur le collège.
De quoi tenter, par ce double éclairage, l'ébauche d'un portrait du pédagogiste.
Une passion pour le gadget
Le dogme de base, celui auquel se réfère tout pédagogiste digne de ce nom, peut s'énoncer ainsi : ce qui est innovant est bon.
Il se passe volontiers de toute analyse de ce qui fonctionne mal au collège tel qu'il est, et n'analyse pas plus les vertus réelles ou supposées de l'innovation. Il ne considère que cet axiome : si c’est nouveau, c'est bien – et on sait qu'un axiome n'a pas à être démontré. Le pédagogiste est la fashion victim de tout ce qui peut se présenter comme neuf.
Explose ainsi une passion furieuse pour les "cartes mentales". Cette nouveauté, vieille comme le monde, est ce qui s'appelle en français un schéma, à ceci près qu'il s'agit ici d'un schéma à la modalité unique : les liens entre les notions abordées se présentent en embranchements multiples, avec des subdivisions à l'infini. Buissonnant de tous ses mots, l'exposé ainsi créé est le plus souvent d'une complexité qui rend l'ensemble illisible.
Par son principe, la "carte mentale" est censée imiter les réseaux neuronaux du cerveau, et certaines cartes conduisent à s'inquiéter de l'équilibre psychiatrique de leurs auteurs. Mais ce qui étonne, c'est l'attitude du pédagogiste face à ce jouet. Il en fait une panacée innovante, donc un objet à vénérer, et de fait on le voit célébrer les enchevêtrements comme il le ferait d'une divinité.
Une fascination pour l'informatique
La "classe inversée" est une autre de ces modes. Il s’agit de faire les exercices en classe, après que l’élève, chez lui et seul, a lu ou vu la leçon. Le pédagogiste ayant une méfiance naturelle pour les manuels scolaires – structurés, donc suspects –, la leçon, rebaptisée "capsule", devra de préférence prendre la forme d'une vidéo.
Avec son esprit de système, le pédagogiste ne fait pas de la "classe inversée" un dispositif ponctuel, mais un rituel dont il serait malvenu de s'écarter.
Dans un extraordinaire paradoxe, il cherche l'innovation en renouant avec l'enseignement scolastique dont Rabelais et Montaignenous avaient débarrassés. Et tant pis pour l'élève qui, chez lui, ne comprend pas pourquoi son professeur de français s'est déguisé en Superman pour sa capsule vidéo sur le superlatif (non, ce n'est pas une caricature, cela existe).
Une salle d'ordinateurs dans un collège de Saumur (F.DURAND/SIPA).
Plus généralement, tant pis pour l'élève qui n'a pas des parents en mesure de décoder pour lui ces "capsules" venues de l'espace, ces cours magistraux donnés ex cathedra, sur un ton comique pas drôle, sans aucune interaction d'aucune sorte entre le professeur et l'élève, pas même celle d'un croisement de regards.
Un point commun de ces deux exemples : cartes mentales et capsules vidéo se conçoivent en bricolant avec des logiciels. Probablement frustré par des parents qui ne l'ont pas laissé jouer à Mario Bros, le pédagogiste idolâtre l'informatique, même utilisée à contre-emploi.
Aussi pauvre soit-il, tout logiciel le fait entrer en transe.
La culture est un tabou
Si l'innovation est un totem, la culture est un tabou. Le pédagogiste a lu l'"Émile" sans comprendre qu'Émile n'existait pas, et en ignorant que Rousseau avait abandonné ses cinq enfants.
Il a lu Bourdieu et en a tiré la conclusion que tout héritage et toute transmission de connaissances étaient des œuvres du diable. Il a lu "La Pluie d'été"de Marguerite Duras en s'imaginant que le personnage d'Ernesto était un philosophe de l'éducation, lui qui déclare :
"Je retournerai plus jamais à l'école parce qu'à l'école on m'apprend des choses que je ne sais pas."
Le pédagogiste est donc entré en croisade contre l'idée hérétique que les professeurs seraient là pour apprendre des choses aux élèves. L'UNSA, syndicat autoproclamé "utile" – et vite rebaptisé "futile" –, est le repaire des quelques professeurs favorables à la réforme.
Pour minoritaire, groupusculaire et crépusculaire qu'elle soit, cette chapelle permet, grâce aux interventions de ses membres, de révéler une autre ligne de force de leur idéologie : la condamnation du savoir. Un syndiqué futile a ainsi brillé par ce tweet :
"Et si on arrêtait de donner aux élèves des réponses à des questions qu'ils ne se posent pas !"
Ce rejet de la culture peut aller très loin
On comprend l'idée : le professeur ne doit pas transmettre une culture tant que l'élève n'est pas avide de la recevoir.
Quand le collégien se préoccupera de connaître la hauteur d’une pyramide, quand cette question hantera ses nuits, quand il ne pensera plus qu’à cela, alors seulement il sera permis à son professeur de mathématiques de lui parler de Thalès, avec force cartes mentales et capsules vidéo. Mais lui imposer la compréhension d’un théorème alors que cela ne correspond à aucun de ses besoins premiers aurait quelque chose de sacrilège.
Le rejet de la culture peut aller très loin.
Dans l'Académie de Lyon, lors d'une présentation de la réforme à ses collègues atterrés, un pédagogiste (sans humour, par définition) a proposé (sans humour, donc) que la lecture de "Madame Bovary"soit commentée avec les élèves curieux d'étudier le régime alimentaire d'Emma, inquiets de vérifier s'il était équilibré, intéressés par l'action du vinaigre sur l'indice de masse corporelle, anxieux de connaître la dangerosité de l'arsenic.
Dans les écrits de Flaubert, ce ne sont pas le thème de la bêtise et le registre de l'ironie qui sauraient retenir l'attention du pédagogiste.
Le pédagogiste n'aime la liberté que corsetée
Liée à sa méfiance pour la culture, l'aversion du pédagogiste pour l'enseignement des disciplines trouve un bel écho dans la réforme du collège, elle qui fait de l'interdisciplinarité un saint graal.
Chaque professeur, depuis toujours, fait des liens entre sa matière et les autres : un professeur de français situe une œuvre littéraire dans son contexte historique, un professeur de maths dit qui était Pythagore avant d'aborder son théorème. Ils se réunissent aussi, par affinités et librement, sur des projets interdisciplinaires précis et auxquels ils croient, avec un objectif clair et pour une durée limitée.
Mais le pédagogiste n'aime la liberté que corsetée, et il se réjouit que tout cela subisse le cadrage bureaucratique d'une réforme qui impose de l'interdisciplinarité quantifiée, sur 20% du temps de l'élève, selon six thèmes parmi les huit qui sont imposés, répartis à raison de deux par année sur 3 ans.
Pourquoi 20%, pourquoi six, pourquoi huit, pourquoi deux, pourquoi trois ? Voilà des questions auxquelles le pédagogiste de base aurait tout autant de peine à répondre que ses coreligionnaires ministériels. Peu lui chaut : souvent isolé dans son établissement, il n'aura plus à attendre qu'un collègue le trouve sympathique pour pouvoir travailler avec quelqu'un.
Une pensée qui empêche de fait l'interdisciplinarité
Attaché au constructivisme, théorie de l'éducation selon laquelle l'élève élabore son savoir par lui-même et librement, le pédagogiste aime paradoxalement recevoir la vérité révélée, quand c'est le ministère qui impose ses thèmes et ses cadrages. C'est alors une parole qui ne se critique pas, même lorsqu'elle empêche de fait l'interdisciplinarité qu'elle prétend mettre en place.
Des disciplines comme les langues et cultures anciennes étaient en effet interdisciplinaires par définition. La réforme casse cela, et le pédagogiste se réjouit de cette incohérence innovante : un saupoudrage de civilisation éventuellement dispensé ici, et un peu de langue éventuellement abordée là-bas.
Les programmes de français et d'histoire favorisaient naturellement l'interdisciplinarité, parce que pour chaque niveau les époques abordées étaient communes aux deux matières.
Il n'en est plus rien, car un cyclone dévastateur est passé par là, avec des programmes qui envisagent désormais les niveaux de 5e, 4e et 3e en bloc, dans ce qui est curieusement appelé un "cycle", comme si les pédagogistes ministériels savaient confusément qu'en fin de 3e un élève resterait au niveau qu'il avait en début de 5e.
Le pédagogisme, un objet hors-sol
Peu importe qu'on casse les liens qui étaient cohérents, car l'interdisciplinarité n'a plus à se justifier par sa pertinence, il faut simplement qu'elle soit. Le pédagogiste ne lui demande rien d'autre que cela : être.
La réalisation de maquettes d'éoliennes est un exemple donné par le ministère, et c'est un sujet d'extase pour le pédagogiste, d'autant plus qu'il considère que la matière "développement durable" doit primer sur l'allemand, le latin ou le grec.
Après un trimestre consacré aux maquettes, mais sans crédits pour acheter des alternateurs, le professeur de physique pourra expliquer aux élèves pourquoi leurs éoliennes ne donnent pas d'électricité, et cela ouvrira leur esprit. Une interdisciplinarité aura été, et le pédagogiste sera ravi.
Ces éoliennes en carton sont une belle allégorie, à la fois de la réforme et du pédagogisme qui la sous-tend : un brassage de vent et une perte d'énergie. Chaque discipline a une pédagogie qui lui est propre, c'est une évidence.
Une classe d'un collège parisien, en 2008 (WITT/SIPA).
Le pédagogisme, lui, est un objet hors-sol, qui ne se soucie d'aucune culture ni d'aucun savoir. C'est un objet qui se contient lui-même et ne contient rien d'autre.
Dans "La crise de l'Éducation", Hannah Arendt a analysé ce contresens d'un enseignement autocentré et vidé de son contenu. Si le pédagogiste avait lu la philosophe, il se ferait apostat. Mais ce n'est pas le cas, et le personnage continue à s'essouffler en agitant ses petits bras dans le vent. Sans les dégâts culturels que ses gesticulations provoqueront chez les élèves, il ferait rire.
Mais le désastre est annoncé.
Très soucieux des questions d'évaluation, passionné par les myriades d'items disparates à valider pour chacune des micro-activités innovantes de ses élèves, le pédagogiste a en commun avec l'Éducation nationale d'être incapable de s'évaluer lui-même. Mais les Québécois, eux, savent le faire.
Baisse de niveau et accroissement des inégalités
Une étude scientifique, menée rigoureusement et sur le long terme, est parue en 2015 pour évaluer le "Renouveau Pédagogique", réforme qui a commencé chez eux à toucher le secondaire il y a dix ans, et dont la réforme française est jumelle : organisation par cycles, interdisciplinarité et pédagogie de projet, système de notation abscons, acquisition de compétences préférée à la transmission de connaissances. Le constat des Québécois est sans appel : baisse de niveau et accroissement des inégalités.
Cela s'explique aisément. Les élèves issus de familles favorisées ont la chance d'avoir la culture à la maison, même quand l'école s'égare et défaille. En revanche, plus un élève est en difficulté, plus il a besoin d'un cadre clair, d'un enseignement structuré, avec une progression connue. C'est tout cela que le pédagogiste lui refuse. Les Québécois recommandent donc maintenant un renforcement de l'enseignement disciplinaire et une élévation du niveau culturel.
De leur côté, sur Twitter, les professeurs en colère recommandent aux pédagogistes de terrain et aux pédagogistes ministériels de lire le rapport québécois. En vain. Il faut dire que Florence Robine, conseillère proche de la ministre, en première ligne pour tenter de défendre une réforme indéfendable, a fait cette recommandation :
"Faites comme moi, ne lisez rien."
Le pédagogiste est docile.
Par Didier Jodin
Tous égaux oui, mais tous mauvais !
par Aquilon
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Nous finissons de délaisser le modèle de l'école latine dont nous avions hérité et que nous avons connu durant des siècles avec un succès certain, pour adopter un modèle d'école anglo-saxon construit autour d'activités et non de cours, autour de skills et non de savoirs. Skills est le terme de l'OCDE qui a été traduit par « compétences »." La suite nous la connaissons...
La réforme du collège a été votée. Dorénavant ce sera EPI pour tout le monde : comprenez Enseignements Pratiques Interdisciplinaires. On ne cherche plus à acquérir des connaissances, mais à obtenir des compétences. Il est désormais plus important de montrer sa capacité à lire un document que de connaitre Austerlitz, plus important de travailler en équipe que d'écrire un texte sans faute. Mais on peut légitimement se demander sur quel temps seront pris ces enseignements qui vont représenter 20% des heures de cours. Une fois de plus c'est la culture classique qui trinque, du moins ce qu'il en reste : le latin est la première victime collatérale réduit à une heure par semaine alors que le grec ancien a disparu depuis longtemps du collège. Qu’importe, on apprendra les stands up de Jamel Debbouze à la place. Fini les classes bilangues, terminé le français, c’est le grand nettoyage de printemps. Il faut supprimer tout ce qui peut amener à l’excellence : à défaut de vouloir niveler par le haut, on nivellera par le bas. Désormais tout le monde sera mauvais.
Ces nouveautés arrivent car il est dit que les enseignements ne passionnent pas les élèves : c'est soit qu'ils n'ont pas le niveau, soit qu'ils n'apprennent pas. Les uns devraient être en apprentissage, les autres sont les victimes d'une école qui a abandonné l'exigence. Mais on touche là au dogme du collège unique ! Il ne faut pas dire que les classements montrent que les seuls établissements produisant des résultats sont ceux qui ont conservé la sélection ; que l'élitisme français forme les seuls élèves capables de rivaliser avec les élèves coréens et asiatiques ; et encore moins affirmer que le fossé se creuse entre ces élèves et reste de la population. Avec la baisse des exigences, jamais la proportion de de fils d'ouvrier dans les grandes écoles n'a été aussi faible. Quand les plus riches peuvent s'offrir des cours à domicile, les plus pauvres sont condamnées à se contenter du niveau médiocre des programmes.
Quelle belle promesse républicaine faite par la rue de Grenelle ...
Aquilon
Education : Vers la destruction de l’école publique
par Fiorello
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Sans faire de politique, il est objectif de dire que jamais dans l'histoire de notre pays un gouvernement n'a fait autant de mal à l'école publique !
Réforme des rythmes scolaires désastreuse, réforme inégalitaire selon la richesse des communes, réforme non imposée dans les écoles privées (comme par hasard), réforme inutile dont l'avenir montrera qu'elle est de surcroit inefficace(et même que les élèves en sortent plus fatigués qu'avant surtout en maternelle). Recul face à l'industrie du tourisme sur les dates de vacances de pâques (il ne faut plus dire pâques mais printemps), quel courage !
Des créations de postes fictives dont personne sur le terrain n'en a vu la couleur. Toujours des classes aussi surchargées, des enseignants débutants débordés, déroutés. Par contre, forte baisse du nombre d'heures supplémentaires pour le soutien aux élèves, pour faire des groupes en langues vivantes (anglais par exemple) et pour les projets culturels, entrainant une forte diminution des rémunérations des enseignants. Si on rajoute à cela les hausses d'impôts et la refiscalisation des heures supp... Ces fausses créations de postes n'ont eu pour but que de monter encore un peu plus la population contre les enseignants en leur faisant croire que seuls les enseignants ne faisaient pas d'efforts pour redresser le pays.
Diminution de l'autorité des enseignants : exclusions interdites, redoublements interdits, notes chiffrées traumatisantes pour les élèves, image de l'enseignant sans cesse dévalorisée par des médias à la botte du pouvoir, toujours plus de droits et moins de devoirs pour les élèves...
Et pour couronner le tout, réforme du collège qui selon ce gouvernement est urgente car les profs de collège sont vraiment incompétents, ennuyeux, ces profs bien entendus ne connaissent rien à la pédagogie (c'est l'hôpital qui se moque de la charité). C'est bon comme discours, on revalorise le métier et l'image du prof. On supprime le latin, les classes bilangue bref les filières de réussite qui au passage ne sont interdites à personne (il suffit de demander pour y entrer sans aucune sélection, juste un peu de courage pour faire quelques heures en plus). On diminue de 30 pour 100 les horaires en français, math, anglais, histoire... C'est vrai, ce n'est pas dit comme ça sur le papier car un bon politicien est avant tout un bon menteur. Dans les faits on enlève une heure de français, une heure de math, une heure d'histoire et des demi-heures par ci par là dans toutes les matières et dans toutes les classes (6ème, 5ème, 4ème, 3ème). Ces heures seront remplacées par des projets interdisciplinaires(4 heures par semaine) et par de l'aide individualisée (1 à 3 heures par semaine mais en classe entière de 30 élèves, pour "l'individualisée" vous repasserez) qui jamais ne seront identiques à de l'enseignement disciplinaire et qui jamais ne compenseront toutes ces heures supprimées. Les parents devront toujours plus avoir recours à des heures de soutien payées à des organismes privés car les professeurs ne pourront pas enseigner grand chose en classe. Payer pour payer, Ils préfèreront mettre leur enfant en école privée qui elle comme d'habitude n'appliquera pas la réforme ou elle l'appliquera mais en version édulcorée.
Fiorello
Réforme du collège : Adieu veau, vache, cochon, couvée !
par Clément G
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Après le Mariage pour tous, bientôt l'inintelligence pour chacun ? C'est en tout cas ce qui semble advenir du projet de réforme du collège de notre actuelle ministre de l'éducation Najat Vallaud-Belkacem, affectée presque par hasard au ministère de la rue de Grenelle en août dernier, dans le cadre de la refonte du gouvernement Valls II. On se croirait presque dans une fiction française : Soeur Vallaud-Belkacem volant à la rescousse d'une école en perdition, sans même n'avoir jamais eu de liens directs avec elle. Cela paraît surréaliste, et pourtant !
Après avoir exhorté les multiples qualités des fameux "ABCD de l'égalité", programme mélangeant maladroitement stigmatisation et théorie du genre, elle s'attaque désormais à détruire le collège à la française. Et autant dire que c'est un euphémisme de qualifier cette réforme de pernicieuse.
Au menu de cette recette 100% socialiste : suppression des classes bilangues en sixième, introduction d'une deuxième langue vivante dès la cinquième, refonte des programmes d'histoire qui prennent désormais soin d'occulter certains points sensibles (et donc, par analogie d'affaiblir les connaissances de chacun), instauration d'EPI, à savoir des enseignements censés faire cohabiter deux disciplines différentes autour de thématiques définies. Je vous passe l'imbroglio autour de la disparition des langues anciennes (le célèbre couple Latin-Grec), qui devraient finalement continuer d'exister.
Bref, tout un programme pour que les collégiens de demain soient plus brillants que leurs prédécesseurs... Ah en fait non ! Il ne s'agit pas de ça, mais seulement de lutter contre l'élitisme et la stigmatisation.
Au-delà de la finalité même de cette réforme, qui ne sera pas atteinte, la question de la vacuité des programmes me paraît aujourd'hui primordiale. Terminés les cours sur Henri IV ou sur Madame Bovary, terminés aussi les leçons sur le christianisme au Moyen-Age ou sur les figures littéraires des Lumières. Toutes ces notions, constituantes même des fondements actuels du pays, se retrouvent balayées, supprimées, terrassées.
Qu'est-ce pourtant que l'éducation à la base ? Un socle commun permettant l'entrée dans le cycle de la vie (école - travail - retraite, pour simplifier, même si ce système est aujourd'hui menacé à cause du chômage, des déficits et de la paupérisation du monde qui n'en finissent plus de grimper) mais également, et surtout, un endroit où doit se faire la découverte de soi, la découverte des autres. Un endroit où doit se faire la découverte de toutes les valeurs indispensables dont nous faisons trop souvent fi. Il me semble en effet que Voltaire et l'éducation soient intrinsèques autant que complémentaires, comme peuvent l'être le Yin et le Yang dans une moindre mesure. Il m'est alors impossible d'imaginer ce collège sans la découverte et l'apprentissage des grands hommes de notre pays : Voltaire bien sûr, mais également Henri IV, Maupassant, Rousseau, Louis IX ou encore Diderot pour ne citer qu'eux.
Je garde de mes années collège, encore très fraîches dans ma tête (la troisième remontant à il y a seulement 2 ans), un souvenir impérissable, fait d'illustres Hommes et de mouvements constructeurs de la personne que je suis maintenant. Car oui, le collège est bel et bien un seuil, un socle dans la construction et l'émancipation de soi : j'y ai connu mes premiers émois devant la beauté de textes littéraires nouveaux et inconnus à l'époque et mes premières prises de positions pendant les cours sur la Révolution Française en quatrième. Comme pour englober le tout, le latin m'est apparu comme une lumière dans le paysage sombre de notre langue aujourd'hui tant de fois dévaluée.
Qu'adviendra-t-il alors de ceux qui, actuellement en primaire, se retrouveront demain plongés dans ce bateau où les professeurs, noyés dans la fumisterie des nouvelles règles, ne parviendront pas à tenir la barre ? Et qu'adviendra-t-il surtout de l'héritage de la France, de ses principes, de ses valeurs, quand ces derniers ne seront plus présentés en classe ? Il ne faudrait pas que l'année 2015 soit synonyme d'An 1, et que toute l'Histoire qui la précédente devienne Préhistoire.
Mais nulle raison de s'inquiéter au final, quand on a la certitude qu'un nouveau ministre sera nommé d'ici quelques mois, et que ce dernier détruira comme tout les autres ce qui a été fait. Monsieur, vous aurez alors bien du travail à faire. Mais en attendant, pourquoi ne pas être vraiment utile et aller reconstruire des écoles au Népal, plutôt que de détruire celles de France ... ?
Clément G.
Réforme du collège : deux points zéro ou zéro pointé ?
par karol
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"Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) vient d’adopter à une large majorité (51 pour, 25 contre, 1 abstention) la réforme du collège. Avec ce vote, la refondation de l’école engagée depuis 2012 franchit une nouvelle étape importante. Alors que le constat sur l’aggravation au collège des difficultés scolaires est largement partagé, il était essentiel de revoir un cadre trop contraint pour que les enseignants puissent exercer dans de meilleures conditions et pour favoriser la réussite de tous les élèves." Ainsi va le discours officiel du Ministère de l'Education Nationale, ce 10 avril 2015, après cette nouvelle "avancée" dans la " modernisation des pratiques au collège".
Deuxième langue vivante dès la classe de 5°, accompagnement personnalisé, enseignements en petits groupes, enseignements pratiques interdisciplinaires avec des thématiques dans l’air du temps, parmi lesquelles « développement durable. », « monde économique et professionnel », « langues et cultures de l’Antiquité »…, tels sont les ingrédients qui devraient selon les auteurs de la réforme "faire évoluer les pratiques pour que les élèves apprennent mieux et réussissent mieux".
Le Conseil Supérieur des Programmes ( C.S.P) a remis le 10 avril dernier à Madame la Ministre son travail sur le contenu des enseignements du C.P. au cycle 4 du collège ( fin de troisième). A la place des programmes par année et par discipline, avec leur succession de chapitres, c'est un fil conducteur pour la durée d’un « cycle », trois ans, qui mêle toutes les matières. "Les projets de programmes n’entrent pas dans le détail des pratiques de classe, des démarches des enseignants ; ils laissent ces derniers apprécier comment atteindre au mieux les objectifs des programmes en fonction des situations réelles qu’ils rencontrent dans l’exercice quotidien de leur profession", annoncent les auteurs.
On ne pourrait que se réjouir devant tant de bonnes intentions mais il est à craindre que ce réajustement bien trop superficiel des moyens et bien trop flou des contenus, ne soit pas à la hauteur des enjeux de cette école fondamentale dont le collège est aujourd'hui le maillon faible.
COLLEGE UNIQUE OU COLLEGE INIQUE
Déjà en 2010 - 35 ans après la reforme HABY qui ainstauré un collège pour tousen continuité avec l’école élémentaire- le Haut Conseil de l'Education, dans un rapport sur le collège, proclame la nécessaire fin du collège copié sur le lycée. Dans le prolongement de l’école élémentaire, le collège doit achever "l’acquisition par toute une classe d’âge des connaissances et des savoir-faire indispensables à la vie dans la cité aujourd’hui." Ces grands principes sur les fondements d'une "école commune" cachent une réalité bien différente.
Une enquête inédite révèle le faible niveau des élèves en histoire-géographie ( Le Monde du 26/06/2013 )
Les enseignants sont en permanence tiraillés entre les consignes pédagogiques alambiquées des inspecteurs généraux (1 ), gardiens du temple, et la dure réalité du terrain, entre l'ambition démesurée des programmes et le constat des divers rapports commandés par les différents ministres. Au fil du temps ce collège unique pour tous s'est transformé en une énorme machine à trier où la réussite n'est malheureusement à la portée que pour quelques uns.
Cette "école des savoirs fondamentaux" qui a pour ambition de transmettre à tous les élèves,des valeurs, des connaissances et une culture dans laquelle toute une communauté se reconnait, bref d'élever l'enfant au rang de citoyen libre et responsable n'est encore aujourd'hui que le voeu pieux d'une république à bout de souffle. Au lieu de mettre en situation d'écoute et d'attention les élèves, on a encouragé « l’agitation créatrice » copiant ainsi dans le jeu de séduction, cette autre faiseuse de cerveau qu’est l’industrie "culturelle" de la télévision. « Ce troisième parent » (2), cette faiseuse d’opinions « prêt-à-porter » qui affaibli chez l’individu toute velléité de réflexion et toute fonction critique.
Au vu des annonces faites, il est à craindre que la prochaine réforme persévère dans cette course épuisante et stérile à la modernité et au perpétuel changement alors que le rôle de l'école serait au contraire de donner à l'individu les moyens de faire le tri entre ce qui est universel et invariant en sciences comme dans toutes les formes d'expression de notre héritage culturel au lieu de s'attacher à le distraire dans une agitation, qui au nom de la modernité doit être constamment renouvelée. Activisme qui trop souvent distrait les élèves des véritables enjeux de la séquence de formation à laquelle ils sont sensés participer.
Avec cette nouvelle réforme, le ministère se réjouit qu' « à compter de la rentrée 2016, pour mieux s'approprier des savoirs abstraits, les élèves bénéficieront d’enseignements pratiques interdisciplinaires. Ils permettront aux élèves de comprendre le sens de leurs apprentissages en les croisant, en les contextualisant et en les utilisant pour réaliser des projets collectifs concrets."Le problème est que ces nouvelles pratiques interdisciplinaires comme l'aide individualisée ( 4 h de la 5° à la 3° ) ne viendront pas en complément de l'acquisition des savoirs , elles se feront sur le crédit horaire des disciplines( lien ). Ainsi l'enseignement du Français, crédité de 4 heures en 3°, ou des mathématiques (3,5 h) devront au gré des projets d'établissement et des pressions locales consacrer une partie de leur temps à ces nouvelles pratiques ou renoncer au dédoublement d'une heure pour un travail en groupe. En privilégiant, au niveau du collège, une interdisciplinarité aux dépens de la transmission de savoirs et des connaissances, c'est comme vouloir s'agiter sur des sables mouvants. Les plus vulnérables s'enfoncent inéluctablement sous leurs pas et leur survie ne dépend alors que de la présence d'une main altruiste ou intéressée. Alors qu'en 1972 l'horaire du Français en 6° était de 9 heures par professeur pour 6 heures de cours, dont 3 dédoublées, aujourd'hui, au nom de la modernité, les enseignants de cette discipline devront se contenter de 5 heures pour à la fois transmettre les connaissances, organiser l'aide individualisée et éventuellement participer à un projet interdisciplinaire. Au lieu d'apprendre tous les codes et les subtilités de la langue française nécessaires à une bonne communication écrite et orale et à la construction d'un esprit critique, les élèves se réjouiront d'avoir accès au codage informatique qui régit la communication des machines. Comme l'écrit Régis Debré dans cette tribune au JDD du 12/04/15 : "Le dédain des humanités vient d'une idée bébête, le progressisme pour les nuls, selon laquelle le nouveau efface l'ancien, et qu'avec l'innovation numérique on peut faire litière des héritages culturels."
Dans un article du journal Libération "Faire du latin, un pas vers la citoyenneté" Eliane Poulvet, professeur agrégé de lettres classiques, écrit : " on a supprimé la récitation, « faute de temps »… Les horaires dévolus au français ont fondu comme neige au soleil.(...)Dans le même temps, on a introduit l’étude de l’image fixe, de l’image mobile. L’enseignement de la langue (orthographe, grammaire, lexique) est considéré comme secondaire. Cette injustice est encore plus criante concernant des milieux où soit l’on ne parle pas toujours le français à la maison, soit où on le maîtrise mal."
Enfin les propositions de programme du cycle 4 ( 5°-3°)ne ciblent plus les connaissances à acquérir mais établissent pour chaque discipline une longue liste des compétences à acquérir durant toute la durée du cycle de 3 ans, laissant le soin à l'enseignant d'articuler connaissances et compétences. Cette approche par les compétences et l’évaluation qui va avec est une pratique pertinente pour l'acquisition de techniques ( apprendre à écrire par exemple), en formation professionnelle où l' apprentissage « des gestes du métier », « des tours de main » est important. Mais cette approche a peu à peu contaminé la pédagogie de l’ensemble des enseignements disciplinaires. Les connaissances, les textes des grands auteurs ne sont plus expliqués et appréhendés dans leur ensemble, ni dans leur contexte historique ; ce ne sont trop souvent qu’un matériau parmi d’autres, trituré, pour amener à l’acquisition d’un savoir-faire ou d'une compétence. Cet étalement des objectifs à atteindre sur 3 ans d'une part et cette mise en avant des compétences aux dépens des savoirs et des connaissances risquent fort d'accentuer encore le processus de différentiation entre les établissements des quartiers défavorisés et des centres - villes. Enfin cette méthode rend totalement impossible la construction d'un socle commun de connaissances fait non seulement de techniques mais aussi fondé sur l'acquisition d'une culture commune indispensable à la vie sociale dans un Etat laïque et à la construction d'un sentiment d'appartenance à une communauté, seul rempart à l'émiettement de la société en clans, bandes, sectes et autres réseaux.
POUR UNE ECOLE "COMMUNE "JUSQU'A LA FIN DU COLLEGE.
Depuis les années 60, s'est imposé une "doxa pédagogique" selon laquelle les « enfants » doivent être les "acteurs de leurs apprentissages" et l’enseignant qu' un « facilitateur ». Les livres scolaires ressemblent de plus en plus à des manuels d'auto-école ou à des cours de danse aérobique. Les contenus font place à une série d'injonction à s'activer : "Je m'entraine", " je m'évalue", j'approfondis" . En classe les activités en tout genre ont remplacé le cours. Toute cette agitation plus ou moins ludique finit par masquer les enjeux en terme de connaissances et de savoirs des apprentissages. L'échec dans la transmission des connaissances et la dégradation du climat scolaire sont dus en réalité à "ces démarches pédagogiques mises en œuvre qui ne sont pas assez explicites sur les savoirs qu’il s’agit d’acquérir. L’ennui ne naît pas d’une trop grande directivité, mais d’une perte de vue de l’enjeu polémique et émancipateur des savoirs authentiques"
( Lire " Refondons l'école... oui mais comment ? "23/02/2015-)
Il est possible de faire du collège la clé de voûte de l’école fondamentale en dispensant les connaissances et savoir-faire indispensables pour affronter les difficultés et la complexité du monde dans lequel on évolue en donnant du sens et de la visibilité à chaque étape de la formation, en évaluant chaque pas et en aidant en conséquence l’élève à surmonter ses difficultés, pour finir par certifier nationalement cette formation de base. Les enjeux d'une véritable réforme sont posés depuis longtemps. Déjà Cristopher Lash dans "la culture du narcissisme" écrivait au sujet des Etats-unis "les conflits dans les années 50 concernant la politique à suivre en matière d'éducation indiquaient clairement que le pays devait choisir entre la mise en oeuvre d'une éducation fondamentale pour tous et un système d'éducation compliqué dont la seule fonction serait de sélectionner la main d'oeuvre."
Ce choix est indissociable de celui de quelle société nous voulons. Pour mettre fin à la logique ségrégative et concurrentielle de l'école, il faudra aussi lutter contre un monde égoïste où la réussite individuelle et la compétition sont le seul credo au mépris du bien commun. Il est à craindre que ce gouvernement, plus libéral que social, ne s'engagera pas dans ce combat.
Karol
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(1) Voici un bel exemple du vocabulaire prétentieux et alambiqué utilisé par les services de l'Inspection Générale dans les Documents d’accompagnement du programme de Troisième,( octobre 1998 ) dans la partie « Outils linguistiques pour la lecture, l’écriture et la pratique de l’oral », sous partie « grammaire du discours, les actes de parole »( lien )
« L’étude des actes de parole est donc essentielle. Elle peut se décomposer en trois approches complémentaires :
- la dimension locutoire, c’est-à-dire le fait de produire des énoncés structurés, organisés et ayant un sens ;
- la dimension illocutoire, c’est-à-dire le fait de chercher à exercer une action sur autrui en lui parlant (l’interroger, lui donner un ordre, lui interdire de faire quelquechose, le convaincre ou le persuader…) ;
- la dimension perlocutoire, c’est-à-dire l’effet sur l’interlocuteur, qui répondra ou non à la question, qui exécutera ou non l’ordre…(…)
Il est très important d’amener l’élève à prendre conscience de cette triple dimension des actes de parole, en particulier dans une optique de formation du citoyen ».
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(2) D.R. Dufour « L’individu qui vient … après le libéralisme » Ed ; Denoël reconstruire l’école - page 312 et suivantes

La haine du latin et... des mathématiques
Par Fiorello
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Si vous voulez je suis élitiste, un pseudo intellectuel et un passéiste mais je vous em...
Aujourd’hui avec la réforme des collèges annoncée par Mme Najat Belkacem, l’heure est grave, les professeurs de mathématiques en collège sont au bord d’un grand découragement. L’enseignement des mathématiques au collège est en passe d’être anéanti en même temps que les classes bilangues et que l’enseignement du latin mais dans un silence absolu sans qu’aucune voix ne s’élève pour le défendre. Bref c’est l’école de l’exigence et de la transmission des savoirs qui vacille au profit d’un centre de loisir low cost.
De quel massacre s’agit-il ?
Depuis que j’enseigne, nous (professeurs de mathématiques) déployons dans les collèges tous nos efforts pour rendre les mathématiques plus ludiques, plus concrètes, plus en interaction avec les autres disciplines et nous intégrons de plus en plus l’histoire des mathématiques dans nos cours ainsi que les nouvelles technologies. Ceci est utile, nécessaire, important mais ce n’est pas non plus l’alpha et l’oméga de l’enseignement des mathématiques. Tout comme pour la grammaire, il convient pour faire des mathématiques d’avoir des connaissances, de connaître des techniques, d’apprendre et de s’entrainer à raisonner. Bref un temps disciplinaire et un temps d’exercices n’hésitons pas à le dire répétitifs sont nécessaires (je sais aujourd’hui on appelle cela de la barbarie). N’en déplaise à notre ministre, pour progresser en mathématiques il est nécessaire d’apprendre, de travailler et de fournir des efforts ! Comment maîtriser le calcul sans s’entrainer à en faire ? Comment savoir résoudre une équation sans s’entrainer à en résoudre ? Comment faire de la géométrie sans connaître les éléments de base, les principaux théorèmes ? Les exemples sont innombrables.
Madame la ministre entend diviser par deux les horaires disciplinaires de mathématiques au collège en rendant obligatoire d’effectuer durant le temps d’enseignement de l’aide individualisé et des projets interdisciplinaires. Sans polémiqué sur l’intérêt de l’aide individualisé qui sur le terrain ne convainc pas grand monde, il est interdit durant ce temps de faire du disciplinaire et donc de faire des mathématiques (voilà une heure en moins en 6me, et une demi-heure en moins pour les autres niveaux). En ce qui concerne les Enseignements pratiques interdisciplinaires(EPI), c’est une vieille recette qui s’appelait autrefois IDD (itinéraires de découverte) et qui a valu à l’époque une baisse des horaires en mathématiques au collège. Madame la ministre entend imposer cette interdisciplinarité comme le vœu du prince, comment réussir un projet pluridisciplinaire si l’enseignant n’est pas volontaire pour se lancer dans ce projet ? Les enseignants forcés seront-ils motivés et pertinents ? Imaginons qu’ils le soient et bien ces heures ne remplaceront pas les heures disciplinaires en efficacité.
Et c’est surtout en mathématiques que ces EPI seront les plus néfastes. Tout simplement parce que dans de tels projets les mathématiques n’interviennent que de façons sporadiques, ponctuelles et pire parfois même de façon artificielle. Prenons les exemples du ministère : « un magazine consacré à la machine à vapeur ». Sur cet exemple comme sur tous les autres les élèves vont passer beaucoup de temps à taper leur page du magazine, à embellir le magazine et à relier les pages du magazine tout ça sur le temps disciplinaire qui sera réduit. Pour la partie mathématique je cite : « leur professeur de mathématiques leur a demandé de prouver qu’il s’agissait réellement d’une révolution en calculant, à partir de la vitesse d’un cheval et la vitesse des premiers trains, le temps gagné pour rejoindre les villes de Lyon, Marseille, Orléans et Nantes depuis Paris. ». Un petit problème concret et 2 calculs intéressants certes mais qui prenne la place du travail réalisé au cours de 15 à 20 heures de mathématiques. On peut prendre tous les exemples et faire le même constat, j’ai longuement travaillé sur les IDD, je pense savoir de quoi je parle !
Donc avec les EPI c’est entre une demi-heure à une heure en moins pour l’enseignement des mathématiques en 5me, en 4me et en 3me. Que reste-t-il ? 3,5h/semaine en 6me et 2h/semaine en 5me, 4me et 3me. Avec des élèves habitués à ne pas travailler pendant 4h par semaine lors des EPI, donc moins efficaces durant le peu de temps d’enseignement qu’il restera. Ok ce n’est pas encore divisé par deux, il suffit maintenant de rajouter le numérique dans l’enseignement des mathématiques et maintenant on a CQFD. Le numérique et lui aussi un plus d’entre notre enseignement mais vouloir apprendre le codage à des élèves qui en grande partie ne maitrisent pas le calcul mental, ne maitrisent pas la géométrie de base et ne maitrisent pas les bases de la langue française est-ce bien raisonnable ? Utiliser un logiciel et cliquer sur une souris c’est utile dans la vie j’en conviens mais qu’on dégage du temps pour cela et qu’on ne vienne pas sans cesse rogner sur les fondamentaux que sont les mathématiques.
La grille horaire n’est pas le seul grave problème, il y en a un autre de taille : les programmes. Non pas le contenu des programmes mais leur faisabilité et leur adaptation laissée au « local ». Les programmes sont donnés volontairement peu clairs et peu détaillés pour soi-disant permettre une liberté pédagogique. Le pire c’est qu’ils ne sont pas donnés par niveau mais par cycle, en clair pas par année mais sur trois ans. Chaque collège pourra étaler sa progression sur trois ans comme il le souhaite. Plus personne ne pourra s’assurer que les programmes sont bouclés, un élève qui change de collègue sera complétement perdu surtout dans une discipline comme la nôtre où les notions sont liés les unes aux autres. Et pire encore, il sera impossible pour les éditeurs de concevoir des manuels, de belles économies pour le ministère mais une nouvelle catastrophe pour les mathématiques et les élèves. Comment donner du travail à faire en classe et à la maison sans livre ? Jamais nous n’obtiendrons des photocopies en nombre suffisant pour pallier à ce problème (ils nous en manquent déjà cruellement) ! Les manuels scolaires sont aussi un moyen de mieux connaître les programmes surtout pour les jeunes débutants.
Pour noircir encore un peu plus le tableau, je pourrais parler des hiérarchies intermédiaires souhaitées par le ministère pour mettre au pas les enseignants récalcitrants et la concurrence que souhaite lancer le ministère entre les différentes disciplines et entre les enseignants. De quoi encore remonter sans doute le moral des professeurs de mathématiques et celui des autres enseignants ! On pourrait aussi ajouter le tableau décrit par notre ministre sur le travail effectué jusqu’à présent dans nos collèges, chacun appréciera ses écrits et ses propos à leur juste valeur. Ce ne sont pas les mensonges proférés par les plus hauts représentants de l’état pour défendre cette réforme qui améliorent la situation bien au contraire.
Si vous voulez je suis élitiste, un pseudo intellectuel et un passéiste mais je vous em...
Fiorello