Rififi chez les gardiens du Seuil pédagogiste.
Cet article n'est pas une caution au gouvernement. il n'est pas politique. Il salue simplement une orientation courageuse, qui selon les déclarations de Xavier Darcos devrait être la priorité de l'école primaire. Le plus étonnant c'est l'éternelle langue de bois de certaines centrales syndicales.
Plus de français, de mathématiques et de sport: Xavier Darcos a détaillé mercredi quelles seraient les priorités d'une école primaire évaluée désormais selon les objectifs fixés par le ministre, au détriment de l'épanouissement des élèves, selon les syndicats. "L'école ne doit plus chercher à transmettre en quelques années la totalité des champs du savoir, mais à donner à l'individu toutes les clés pour les approfondir ultérieurement", a déclaré le ministre de l'Education lors d'une conférence de presse. Pour cela, le ministre a prévenu les enseignants qu'il serait "vigilant" sur sa volonté que de voir sa réforme conduire à une "amélioration significative des résultats de chaque école" Les professeurs seront inspectés, à terme, tous les deux ans, grâce à l'augmentation du nombre d'inspecteurs du premier degré (IEN) dès la rentrée 2009, et en fonction de leur "capacité à faire progresser leur classe".
1) En finir avec des pédagogies discutables
 Le but étant probablement d’arrêter la polémique sur les pédagogies plus ou moins discutables qui ont envahies l’école ces trente dernières années, et de laisser le professeur faire comme il le sent. Les résultats, somme toute, permettront d’apprécier l’efficacité ! Depuis la nuit des temps on a toujours estimé que l’éducation était un art…Les sciences de l’éducation sont une discipline récente qui sont nées avec le pédagogisme. Demandez-vous quelle est la fée qui s’est penchée sur son berceau ?
2) Le tabou de la discipline
Si l'essentiel de ces mesures était connu, les acteurs du primaire ont regretté unanimement qu'elles "sentent le bonnet d'âne et la blouse grise" des années 50, a expliqué Gilles Moindrot, secrétaire général du SNuipp-FSU (majoritaire), plutôt qu'"une école qui innove, qui donne goût de la vie, qui est gaie et qui épanouit". 
Des élèves épanouis, c’est ce que nous avons dans toutes les écoles primaires, dans tous les collèges et dans tous les lycées. N’oublions pas que tous nos établissements sont devenus des lieux de vie !  Nos élèves sont tellement épanouis qu’ils ont bannis de leur vocabulaire l’effort, l’étude et le travail. Les établissements scolaires sont devenus des succursales de club med et les professeurs ont été sommés de devenir de gentils organisateurs. Il suffit de voir l’accoutrement vestimentaire dans lequel les élèves arrivent et surtout l’entrain au travail. L’ambiance est au chahut et à la rigolade. L’indiscipline serait-elle le critère de l’épanouissement ?  
 
3) L'impossible réhabilitation de l'expression et du calcul
"Présentée comme un effort de simplification, elle alourdit les savoirs exigés", a relevé Luc Berille, secrétaire général du SE-Unsa.  De fait, les nouveaux programmes réintroduisent le passé et le futur antérieur, ou font apparaître la multiplication dès le CP (le CE1 auparavant) ». 
Surtout effectivement ne plus parler de savoir mais de compétences. Pas de tangible, mais du flou, et commençons par le flou de l’expression française, au diable les temps de la conjugaison qui comme on nous l’a rabaché, ne sont que l’expression de la bourgeoisie. Savoir compter ne sert à rien, il suffit d’avoir la compétence ! Ne multiplions pas les efforts, les élèves pourraient prendre goût  à l’effort ! Pour faire un bon consommateur, le présent de l’indicatif suffit !
4) Le discrédit total de l'effort, pourtant indispensable dans l'apprentissage
Comme ses collègues, le Sgen-CFDT a regretté la trop large place accordée aux exercices répétitifs, apprentissages par coeur, automatismes, "générateurs d'ennui, donc d'échec".
 Non bien sûr, il faut des classes vivantes, hyperactives au sens pathologique du terme, brassant du vent et faisant concurrence aux courants d’air des couloirs qui sont très nombreux dans les établissements scolaires. Il s’agit en effet de ne jamais forcer l’élève, surtout qu’il n’éduque pas sa volonté. Il faut un parfait consommateur, qui craque devant toutes les rayons, ne sachant pas se restreindre, ne l’ayant jamais appris ou n’ayant jamais été forcé à le faire.  Au diable qu’il ait été dit depuis la nuit des temps que la contrainte est inhérente à l’éducation. Pourquoi serait-il si ennuyeux pour l’enfant, d’exercer à son âge, ses formidables capacités de mémoire qui, comme on le sait maintenant, ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas. Non il faut que les enfants  soient éduqués de façon ludique. Si vous ne le saviez pas encore: la vie maintenant est un jeu. Pas d’arrêt sur l’image, que du mouvement, on ne sait jamais que l’élève se mette à réfléchir ! Ainsi, en ont décrété les grands prêtres de l’éducation : les pédagogistes.
5) L'impossible réhabilitation de la mémorisation
"La récitation occupe deux lignes et devient un exercice de +mémorisation+ et de +diction+, alors que la poésie doit permettre de découvrir que les mots peuvent provoquer une émotion inattendue", a déploré M. Moindrot.
 Pour le moins que l’on puisse dire, Moindrot a de l’humour, nous croulons dans les établissements sous les émotions inattendues…Ces émotions sont souvent tellement inattendues que les professeurs finissent par craquer… C’est comme dans les polars, insultes menaces, invectives, agressions, on ne peut effectivement rester indifférent…Monsieur Moindrot est poëte, il est à lui seul, une trés belle fable…
Le pédagogisme tient bon, persiste et signe en la personne du secrétaire du Snuipp-FSU, et de celle du SGEN- UNSA. Le style narratif  du secrétaire  de la FSU est celui de la plus pure langue de bois. A quoi bon effectivement apprendre la langue de Flaubert ou de celle de Victor Hugo, on se passera de surcroit d’apprendre la diction, les trois coups suffisent ! La vie, c’est du Vaudeville, à la façon de la publicité !  Il faut vivre avec son temps, et commençons à l'école. Au diable, l'idéal républicain de l'Ecole.
6) l'utopie de l'innovation et de l'épanouissement 
« L’Ecole doit être un lieu qui innove, qui donne goût à la vie et qui épanouit… »
  En somme à croire les très respectables Présidents des syndicats nommés, la catastrophe de L’Education Nationale serait probablement dû à l’absence d’audace dans l’innovation et le pédagogisme ! On a compris : le goût à la vie sera garanti par un haut niveau de consommation, avec des enfants habitués à se restreindre en rien et à faire uniquement ce qu’ils désirent… ce qui, soulignons le au passage, est le propre du barbare ! Retenez aussi, le mot innovation, qui est le maître mot de la mercatique et de la société de consommation, le voila en passe de devenir aussi le maître mot de la pédagogie et de l'Education nationale… Bravo au pédagogisme, il s'aligne sur le consumérisme... 
Conclusion
La langue de bois de ces syndicats n’est pas sans faire penser celle d’une autre organisation célèbre pour cette particularité, espérons que l’Education Nationale ne finira pas comme elle. 
La République  Française, héritière de l’Idéal Citoyen et du siècle des lumières, sans l’Education Nationale, sera un peu comme un coureur de fond, amputé de ses deux jambes ! Suivez mon regard quels sont ceux qui tiennent la scie.
 
Eric de Trévarez