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Date de création : 29.09.2007
Dernière mise à jour : 10.04.2022
74 articles


Pédagogisme, consommation et hystérie

Publié le 10/10/2007 à 12:00 par pedagogisme
Pédagogisme, consommation et hystérie
Pédagogisme, consommation et hystérie

Le pédagogisme est un ensemble de techniques éducatives issues du Rousseauisme et de l’illusion libertaire qui privilégient une idéalisation de l’enfant. Le pédagogisme en considérant que l’enfant est l’artisan de son propre savoir et le maître d’œuvre de son développement, se place au même niveau que l’enfant et démolit tout symbole d’autorité éducative ou culturelle. La double contrainte à laquelle est soumis l’enfant, c'est-à-dire d’être un enfant et d’être considéré comme un adulte à la fois, donnent les résultats que nous connaissons.

Le pédagogisme a pour outil principal la méthode interactive, à base de dialogue avec l’enfant, sur un pied d’égalité symbolique et en l’absence de toute autorité normative. Le reste du pédagogisme est tiré du béhaviorisme qui ne considère que l’ensemble stimuli réponse et comportement, probablement plus adapté à l'étude du nourisson ou à l’éthologie qu’à la pédagogie. Le pédagogisme est accompagné d’un langage propre et récent qui s’emploie à mettre en circulation des termes empruntés à la sociologie ( cohorte, domaines des savoirs, temps social, temps éducatif, public à besoin éducatif particulier) et aux sciences économiques, entre autres dans le registre du management ( efficacité, valorisation des savoirs, savoir faire, compétences, performances, évaluations normatives, personnes ressources…) à la linguistique, souvent par le biais d’une globalisation fonctionnelle des outils grammaticaux ( article/déterminant, substantif, adjectif ; article/groupe sujet, groupe complément, etc.…) à la psychologie ( pratique de la langue dans sa dimension émotionnelle et sensible qui en souligne l’essence…). Ces mots composés ont des sens bien précis, à la façon des balises, dans ce jargon de spécialistes. Ils interdisent tout écart, frappé d’ailleurs immédiatement d’hérésie.

Le pédagogisme utilise en même temps l’affectif, l’émotionnel et le formatage, en privilégiant systématiquement le comportement de groupe basé entièrement sur l’égo, par des travaux en commun chez les élèves aussi bien que chez les enseignants. L’ensemble est évalué par des matrices de compétences trés complexes. Cette méthode peu productive est responsable de la chute du niveau. Ici se trouve le succès du mot formation et la disgrâce de celui d’éducation. Le pédagogisme met l’accent avec démesure sur le progrès technique et la mise à niveau permanente qu’il est supposé requérir. L’essentiel du paradigme est là. En empiétant sur les matières à réflexion, structurantes, il surestime l’informatique avec une emphase inutile puisque la jeune génération maîtrise l’outil informatique par l’utilisation ludique qu’elle en fait, et sans qu’il soit nécessaire d’en rajouter. Beaucoup de travaux se résument maintenant à faire des recherches sur internet. Par les résultats obtenus, tant au niveau scolaire qu’au niveau des incivilités, le pédagogisme est devenu peu à peu, synonyme de démission éducative et d’échec, car ses carences ne peuvent échapper à un regard attentif sur le long terme. On peut se demander la raison d’un pareil entêtement et surtout la finalité d’une pareille stratégie scolaire.

En dehors d’une innovation pédagogique sans cesse renouvelée et demandée, plus proche du marketing et de la mode que d’une quelconque science de la pédagogie, il semblerait que la construction européenne y soit pour quelque chose. Ceci dit, volonté ou pas, le consumérisme de l’Europe, qui est le seul projet de société, nous l’aurait imposé, faute d’avoir avancé un autre idéal. La construction de l’homme européen passe par un abandon des cultures nationales et de leurs idéaux. Le pédagogisme est de ce point de vue un socio-constructivisme. On a privilégié à n’importe quel prix, un savoir être ensemble à base de marketing, d’innovation et de tourisme scolaire, le tout dissimulé, pour des raisons d’acceptabilité, dans une finalité à visibilité réduite. Cette modification culturelle en profondeur des peuples de l’Europe sera facilitée par l’abandon des savoirs structurants. En l’absence (pour longtemps), d’une culture européenne ou d’un idéal européen, la finalité du système se résume à la seule consommation. Il faut savoir que des produits comme Coca Cola ou Mac Donald contribuent à la standardisation culturelle et ce beaucoup plus surement que la littérature ou l’histoire, qui pourraient être un frein par la réflexion qu'elles suscitent.

L’enfant qui ne se « dépasse » pas et qui ne dépassera pas le couple « désir/satisfaction », parce que non éduqué, fera un excellent consommateur, peu enclin à la réflexion. Ce type de ressortissant ne peut que convenir à un projet de société dont l’ultime raison et transcendance, sont la consommation et les économies d’échelle. Voilà les causes, voulues ou pas, qui ont lapidé les programmes de français, les programmes d’histoire et bien d’autres encore pour ne pas parler de l’esprit même de l’éducation…Les promoteurs du pédagogisme sont en train de dresser le lit funèbre de l’idéal républicain du citoyen pour le remplacer par un consommateur européen idéal.


Eric de Trévarez

Commentaires (1)

Luc Paul ROCHE le 12/05/2010
Bonjour M. de Trévarez

Je partage bien évidemment vos critiques du pédagogisme que je n'hésite pas à assimiler moi-même à une maladie mortelle des institutions scolaires (et pas que des institutions scolaires d'ailleurs).

En revanche, il y a dans votre article, une faute philosophique qui me chiffonne toujours un peu. Vous assimilez le pédagogisme au rousseausime et à l'idéologie libertaire. Or, Rousseau n'a jamais été ni pédagogiste ni libertaire. "Emile" nous présente un précepteur qui n'est pas un professeur, et qui n'est pas un laxiste, et la pensée de Rousseau ne porte pas sur l'institution scolaire. Par ailleurs, Rousseau, le plus éminent penseur républicain, peut-être le seul (le "Contrat social" est son œuvre majeure, et oubliée, sauf peut-être par les profs de philo qui le traitent chaque année) n'a jamais au grand jamais soutenu de positions libertaires, fustigeant même souvent l'anarchie, au sens étymologique du terme. Rousseau est parfaitement conscient de la versatilité humaine, et il affirme inlassablement que la République doit se doter d'une force suffisante (institutionnelle et réglementaire) pour faire respecter le droit qui, lui même, n'est que la traduction de l'intérêt général, supérieur en valeur aux intérêts particuliers.

Bref : pour attaquer le pédagogisme, ce que je fais aussi, il nous faut relire Rousseau, et non penser que Rousseau en serait l'origine.

En outre, Rousseau n'est en aucun cas l'auteur de la platitude "l'homme est né bon et la société l'a perverti". Chez Rousseau l'homme n'est ni bon ni mauvais, il est indéterminé si on le considère en dehors de tout artifice social ; ensuite, tout dépend,... c'est vrai qu'une société mal construite fabrique des pervers ou des victimes si l'on peut dire ; mais encore nous appartient-il de fonder et de défendre la république ; c'est à la promotion des valeurs républicaines que Rousseau appelle constamment dans le "Contrat social".

Voilà.

En espérant que ce petit cours de philo ne vous a pas ennuyé.

Luc
http://http://www.agoravox.fr/auteur/luc-paul-roche.centerblog.n et


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