La société de consommation comme Oedipe sans père.
Guidée par la mystification de la science économique et de l’inconscient freudien, la société de consommation dérive comme un Oedipe sans père, aux antipodes de tous les fondements. Le droit aux « désirs » ayant été peu à peu substitué à la Loi :
- L’entrepreneur n'est plus ce qu'il était,
- Le fonctionnaire souvent un irresponsable,
- Le jeune ; un rebelle ou l’étudiant en rien,
- L’animateur de télé ; « un vendeur » soucieux d’audience puis d’audimat,
Pas étonnant qu’avec ce spectacle, le citoyen devenu que consommateur, réclame lui aussi sa part de gâteau, comme un nourrisson qui geint pour avoir le sein. Passivité larvaire et exigeante qui trouve son complément dans le fascisme technologique qu’on est en train de lui servir. On s’active à lui enlever tout pouvoir citoyen avec la mise en place de structures échappant à tout contrôle démocratique. Cette « passivité » globale des consciences, à la fois économique ( taylorisme et tertiarisation), affective (effacement du rôle du père et envie goulue) et idéologique ( l’athéisme ne serait-il pas que le meurtre du Père accompli) a permis à la société de consommation de prospérer ( l’idolâtrie ) .
Si la prolifération d’objets, en vue d’atteindre au standing ( autrement dit standards de vie imposés par la consommation pour assurer sa survie), a produit pendant sa croissance, un indéniable enrichissement matériel des individus : biens d’équipement puis de consommation ludique tels que télé, hi-fi, tourisme organisé, culture de masse… Cet enrichissement s’est accompagné d’un appauvrissement intérieur tout aussi certain : règne des objets, activités culturelles et de loisir réduites à l’acte d’achat, régression de la conscience, du sens de la responsabilité et du sens civique au profit de l’égoïsme du « désir ».
Autant de dégradations spirituelles et morales qui ont concouru à une baisse objective de la qualité de la vie en Société. Baisse objective de la qualité de la vie particulièrement sensible dès que la progression continue du standing ( nécessaire pour ne pas lasser ) ne peut plus être tenue. Car pour qu’il y ait à la fois profit et progression du pouvoir d’achat ( donc du standing ) de ceux qui ne touchent pas le profit ( l’immense majorité ), il faut impérativement qu’il y ait croissance, avec toutes les nuisances écologiques qu’impose cet impératif. Faute de quoi le profit des uns se maintient fatalement au détriment du pouvoir d’achat des autres. Privé de son pouvoir d’achat mais toujours sollicité par la consommation obligatoire, le désir qui sous-tend tout l’édifice, et dont on a détruit tous les gardes fous, tourne alors à la frustration organisée.
Frustration explosive d’un désir simultanément sollicité et frustré qui conduit celui qui n’avait déjà plus de morale à n’avoir plus le moral non plus… Double démoralisation qui conduit la société toute entière à l’insécurité, la violence et la répression. Et oui, l’Homme a deux ennemis :
- l’un extérieur qu’il arrive parfois à accuser à tord.
- l’autre intérieur (qu’il fait semblant d’ignorer) qui est le désir non sublimé retombant en inassouvi. Lutte intime du plaisir ( sexe, argent, pouvoir) contre la réalité que le Freudisme a su identifier, mais sans en saisir les conséquences économico-sociales. Une synthèse entre Freud et Marx aurait été probablement nécessaire pour nous éviter la panne idéologique dans laquelle nous nous trouvons! Partant d'horizons aux antipodes, il y a dans le marxisme et la psychanalyse de Freud, un barycentre qui aurait dû être trouvé et mis au grand jour depuis longtemps...
Ceci dit, il n'était pas besoin de faire allusion à Freud, tout avait été dit, depuis longtemps...
Pourquoi ne citez-vous pas Alain Soral, l'auteur de ce texte ?Ecrire un commentaire